mercredi 31 décembre 2008

13 rue Maître Albert

La facade de cette maison du 5ème arrondissement n'offre pas un intérêt particulier en dehors du charme un peu austère des facades anciennes, aux grandes fenêtre sur trois rangées, aux lignes sans guère d'ornements.
Mais c'est là que vécut "le Nègre Zamor"...

Zamor était un personnage curieux, qui est presque à lui seul l'allégorie de la seconde partie du XVIIIème siècle. Il existe un livre qui s'inspire de sa vie, "le rêve de Zamor" par Eve Ruggieri. Je ne l'ai pas lu mais voici quelques repères sur Zamor qui donnent envie d'en savoir plus.
Zamor serait né en 1762 dans l'actuel Bangladesh. Capturé à 11 ans par des marchands d'esclaves anglais il est amené en Europe et "offert" à la comtesse du Barry par Louis XV (ou par le maréchal de Richelieu selon d'autres sources)



Comme "page" de la du Barry il vécut à la Cour de nombreuses années exécutant les caprices de sa maîtresse (étonnant tableau ici ou Zamor apporte son chocolat à sa maîtresse), faisant subir les siens à d'autres comme Choiseul. Zamor devient dès lors une créature de légende: jouet sordide d'une courtisane capricieuse qui l'habille comme une enfant le ferait avec une poupée; objet d'étude des Lumières qui avaient là un "bon sauvage" bien pratique; fantasmes des libelles crapuleux qui délirent sur des orgies avec la du Barry ou, mieux, avec Marie-Antoinette...

Lorsque la Révolution éclate la Comtesse du Barry est en disgrâce depuis bien longtemps. Au moment où tant de courtisans abandonnent la famille royale elle revient courageusement offrir ses services à Marie-Antoinette qui ne l'avait pourtant pas ménagée. Zamor, lui, est devenu un révolutionnaire convaincu, pilier du club des jacobins.

Il dénonca son ancienne maîtresse qui essayait de vendre ses bijoux en Angleterre et il semble généralement admis que c'est à la suite de son action que Jeanne Bécu, comtesse du Barry, fut envoyée à la guillotine.




Le citoyen Zamor aurait fini sa vie plus discretement, dans cette même maison du 13 rue Maître Albert qui est toujours debout, jusqu'à sa mort en 1820.

samedi 27 décembre 2008

Cité des fleurs

La Cité des Fleurs est une longue allée piétonne de 320 mètres bordées par des petites maisons avec jardinets de part et d'autre. Elle relie l'avenue de Clichy à l'ouest à la rue de la Jonquière à l'est, tout au nord du 17ème arrondissement.
Créée en 1847 par Jean-Edmé Lhenry et Adolphe Bacqueville de la Vasserie qui possédaient des terrains là, la Cité des Fleurs mettra quelques années à se développer et à attirer des résidents. EN 1866 tous les terrains avaient trouvé preneur, mais comme le montre le tableau de Sisley "Montmartre depuis la Cité des Fleurs", le paysage était encore très champêtre !
Le n°25 abritait le réseau de résistance "Plutus" qui faisait des faux-papiers. En mai 1944 les Allemands découvrirent leur cachette et tous les membres du réseau furent tués, lors de l'assaut ou en déportation.


En 1850 une convention précise les règles d’urbanisme et d’architecture de la Cité des Fleurs : alignement des façades, limitation à deux étages et mansarde, murets et grilles de hauteur uniforme, nature et hauteur des murs mitoyens... Grâce à cela, on y trouve des maisons élégantes et d'autres beaucoup plus simples, mais qui toutes cohabitent harmonieusement.

Parmi les gloires locales, Catherine Deneuve est née Cité des Fleurs.
C'est également ici (n°30) qu'on trouve l'héritier du foyer d'accueil des jeunes aveyronnais.

"Le contexte d'exode rural qui a suivi la fin de la seconde Guerre Mondiale a vu de nombreux habitants de l'Aveyron partir à Paris. Dans les années 1950, environ deux jeunes par jour arrivaient à Paris, sans logement et sans travail pour la plupart d'entre eux. L'évêché de Rodez, ayant pris conscience de ce mouvement, décida d'envoyer un de ses prêtres à Paris. Ces Aveyronnais commencèrent à se réunir dans des cafés, à organiser des sorties. Très vite s'est faite sentir la demande d'un local. Pour cela, une association de loi 1901 s'est créée en 1953 : " Lou Cantou - foyer des Jeunes Aveyronnais ". Ils ont acheté une grande maison au 30, Cité des Fleurs dans le 17ème arrondissement qui a servi de lieu de réunion et de dortoirs pour garçons. En 1957, cette association est devenue le " Foyer des Jeunes Aveyronnais, Cantaliens, Lozériens de Paris " puis en 1963 : " Foyer de Jeunes Travailleurs de la Cité des Fleurs ". (http://www.fjtcitedesfleurs.org/)

mercredi 24 décembre 2008

15, rue Gabrielle à Charenton.

Ces deux photos nous ont été très gentiment donné par Marc du site Paris à Pied.Elles représentent un immeuble à Charenton situé 15 rue Gabrielle, construit en 1883 par Georges Guyon avec le concours de D. de Folleville comme sculpteur.
Jules Hector Despois de Folleville a oeuvré un peu partout dans Paris et notamment avec Sélonier (rue Oberkampf). On retrouve aussi un bel exemple de leur collaboration au 202 boulevard Raspail.

Georges Guyon est surtout connu pour avoir été un des premiers architectes à penser le logement social, travaux qu'il mettra en pratique notamment à Saint-Denis.
"Né du concours lancé en 1890, l’ensemble de logements dénommé « La Ruche », construit de 1891 à 1893 dans la Plaine Saint-Denis, est la première réalisation d’Habitations à bon marché encadrée par la loi Siegfried créant le financement public du logement. Cette opération est conçue par l’architecte Georges Guyon qui réalisera trois autres ensembles pour le même maître d’ouvrage : la Société anonyme des habitations économiques de Saint-Denis. « Le Foyer », « L’Amitié » et « L’Union » dont les noms sont inscrits sur la façade, témoignent de l’idéal et des ambitions qui animaient leur maître d’ouvrage." (source: Atlas patrimoine 93).
Son fils, Henri suivra les traces de son père et construira de grands immeubles de logements dans les années 30 dont la ville de Maisons-Alfort donne un exemple ici.