Mais c'est là que vécut "le Nègre Zamor"...
Zamor était un personnage curieux, qui est presque à lui seul l'allégorie de la seconde partie du XVIIIème siècle. Il existe un livre qui s'inspire de sa vie, "le rêve de Zamor" par Eve Ruggieri. Je ne l'ai pas lu mais voici quelques repères sur Zamor qui donnent envie d'en savoir plus.
Zamor serait né en 1762 dans l'actuel Bangladesh. Capturé à 11 ans par des marchands d'esclaves anglais il est amené en Europe et "offert" à la comtesse du Barry par Louis XV (ou par le maréchal de Richelieu selon d'autres sources)
Comme "page" de la du Barry il vécut à la Cour de nombreuses années exécutant les caprices de sa maîtresse (étonnant tableau ici ou Zamor apporte son chocolat à sa maîtresse), faisant subir les siens à d'autres comme Choiseul. Zamor devient dès lors une créature de légende: jouet sordide d'une courtisane capricieuse qui l'habille comme une enfant le ferait avec une poupée; objet d'étude des Lumières qui avaient là un "bon sauvage" bien pratique; fantasmes des libelles crapuleux qui délirent sur des orgies avec la du Barry ou, mieux, avec Marie-Antoinette...
Lorsque la Révolution éclate la Comtesse du Barry est en disgrâce depuis bien longtemps. Au moment où tant de courtisans abandonnent la famille royale elle revient courageusement offrir ses services à Marie-Antoinette qui ne l'avait pourtant pas ménagée. Zamor, lui, est devenu un révolutionnaire convaincu, pilier du club des jacobins.
Il dénonca son ancienne maîtresse qui essayait de vendre ses bijoux en Angleterre et il semble généralement admis que c'est à la suite de son action que Jeanne Bécu, comtesse du Barry, fut envoyée à la guillotine.
Le citoyen Zamor aurait fini sa vie plus discretement, dans cette même maison du 13 rue Maître Albert qui est toujours debout, jusqu'à sa mort en 1820.
Merci pour cette histoire dont je n'avais jamais entendu parlé.
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